Comment le maquillage devient masque - Formation avec Sabine Delanoy (France)Photo : Jean-Claude Ételain
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Les masques avant les masques: carnaval

Exposition
03 juin 2021 jusqu'au 06 juin 2021Le CamilloisRobin Summa (Italie)Gratuit

Vernissage : 3 juin 2021

Réservations obligatoires: administration@masqalors.ca       819-200-4397

Le Camillois du 3 au 6 juin 2021

P’tit bonheur du 7 au 13 juin

Au XVIème siècle, en pleine Renaissance, les rues d’Italie, du Sud au Nord, commencent à s’emplir de mystérieux personnages masqués. Ces masques, drôles, provocateurs, subversifs, souvent effrayants, dont certains ne sortent que les jours de carnaval, deviennent petit à petit de véritables personnages de théâtre, aux caractères individuels bien précis et identifiables. Ils improvisent ensemble farces et comédies, aux tonalités populaires et presque insurrectionnelles. Chaque ville produit alors spontanément son propre personnage, qui est comme la synthèse de l’esprit de son peuple et de son histoire : Brighella, à Bergame, Arlequin, à Venise, Il Dottore Balanzone, à Bologne, Pulcinella, à Naples, ou encore, par exemple, Meo Patacca à Rome. On compte près de huit-cent personnages, sinon plus, dans cette culture populaire parfois difficile à cataloguer.

Très tôt après son apparition, la Commedia dell’Arte sera exportée avec grand succès en France, terre d’accueil et de secours des commedianti. Jusqu’à aujourd’hui, c’est autant grâce à sa popularité en France qu’en Italie que ses personnages continuent à vivre, désormais dans le monde entier.

Le masque, et en particulier le masque de Commedia dell’Arte, n’est pas figé dans le temps. L’histoire-même de la Commedia dell’Arte prouve à quel point celle-ci a évolué et s’est transformée de manière vivante, improvisée au gré des rencontres, des parcours, des voyages des Comédiens de l’Art.

Chaque personnage, chaque masque, selon l’acteur qui le faisait vivre, s’est caractérisé de multiples façons, chaque acteur y apportant quelque chose de nouveau. Le mouvement, le jeu d’acteur également changeait évidemment selon les interactions, les improvisations du jeu théâtral, qui avait lieu très souvent dans la rue. C’est d’ailleurs ce qui, à l’époque, le distinguait du théâtre « classique », normé par la Comédie française. Second élément essentiel : c’est précisément parce qu’il naît spontanément, des mains de l’artisan ou de l’artiste qui le conçoit (en collaboration souvent avec un acteur, et en regard d’un groupe social), que le masque contient en lui (dans ses « traits ») les éléments de caractère qui constituent le personnage associé au masque : son histoire, ses mouvements, etc. L’artiste, l’artisan modèle le masque en lui donnant spontanément, naturellement, des traits qui synthétisent les humeurs, le caractère du masque. On n’a pas le même visage quand on est quelqu’un de très sérieux ou quelqu’un de très triste !

En cette époque de « masques » obligatoires (masques sanitaires, certes, mais masques tout de même), le masque de Commedia dell’Arte semble partager de manière ironique un point commun avec ceux-ci : ils ne couvrent que la moitié du visage : nez et front (et non-pas nez et bouche). Une différence de taille subsiste pourtant : les masques de Commedia dell’Arte sont caractérisés, et non-pas uniformes. Cette caractérisation est essentielle : chaque demi-masque de Commedia dell’Arte représente comme on l’a dit un caractère bien précis avec lequel l’acteur qui porte le masque doit entrer en dialogue. En effet grâce au demi-masques caractérisé que l’acteur portera – cachant et révélant à la fois -, de nouvelles formes d’expression, de communication et de nouveaux types de rencontres sont soudainement possibles : à travers notre corps, à travers notre bouche, et peut-être, aujourd’hui, à travers notre regard. C’est la raison pour laquelle vous trouverez, parmi ces masques de Commedia dell’Arte désormais « traditionnels », un demi-masque inférieur, du même format qu’un masque sanitaire, mais caractérisé, celui-ci, avec des traits semblables à un Arlequin. C’est l’autre moitié d’Arlequin !

Le demi-masque caractérisé invite à un jeu entre l’individu qui est en dessous (la moitié du visage qui reste découverte), et le « démon » qui est au dessus (le masque). Il invite à dire ou à faire ce que la vie quotidienne ne nous permet pas de dire ou de faire… Car ces masques sont liberté.

Tous les masques présentés ont été produits par Pierangelo Summa (1947-2015), Sara Summa, sa fille, ou Robin Summa, son fils.

Robin Summa

Robin Summa est sculpteur de masques, acteur, auteur et pédagogue. Après ses années de collège et de lycée, qu’il effectue en classes à horaires aménagés théâtre et musique, et pendant lesquelles il pourra perfectionner sa pratique de l’art scénique et de la guitare classique au Conservatoire, il se tourne vers des études de philosophie et obtient sa licence en 2014. Il enseigne ensuite les Lettres modernes au collège.

Il reprend, à partir de 2015, et à la suite de sa soeur Sara, l’activité de son père Pierangelo Summa qui lui transmet, avant sa mort, l’art de créer et de sculpter des masques pour le théâtre et le spectacle vivant. Spécialiste des masques de Commedia dell’Arte, en cuir et en papier mâché, il produit également des masques neutres, des masques animaliers, mais aussi toutes sortes de créations variées. Il vend en librairie théâtrale, à des particuliers, pour le public scolaire et à des compagnies.

Dans la continuité de l’esprit que son père lui insuffle, il conçoit le masque à la fois comme un objet d’art, mais aussi, sinon surtout, comme un objet populaire et vivant, souvent subversif. En ce sens, le masque contient en lui une histoire, mais se charge aussi du rapport que l’acteur entretient avec lui, et avec « l’autre », le public, et plus largement la société : il ne cache pas, il révèle ; il invite en ce sens à réinterroger toujours le rapport qu’entretiennent les individus entre eux.

En 2019, il publie son premier ouvrage en Italien, La Maschera è Libertà, Storia di un’insurrezione teatrale, Libretto 1, édition de textes écrits et d’ateliers tenus par son père Pierangelo Summa autour de la question des masques de Commedia dell’Arte.

En 2020, il inaugure à Naples un atelier public éponyme, centré sur la création et la vente de masques de théâtre en cuir.

Ses oeuvres originales et recréations dans les traces de son père sont régulièrement l’objet de vitrines, présentations et expositions personnelles en France et en Italie (Librairie française de Rome, 2019 ; Librairie de la Maison Jean Vilar, Avignon, 2019 ; Cavallerizza Reale, Turin, 2019 ; Institut Français de Naples, 2020 ; Galleria Spazio Papel, Milan, 2020).

Le demi-masque caractérisé invite à un jeu entre l’individu qui est en dessous (la moitié du visage qui reste découverte), et le « démon » qui est au dessus (le masque). Il invite à dire ou à faire ce que la vie quotidienne ne nous permet pas de dire ou de faire… Car ces masques sont liberté.

Tous les masques présentés ont été produits par Pierangelo Summa (1947-2015), Sara Summa, sa fille, ou Robin Summa, son fils.

Pierangelo Summa

Issu d’une famille originaire du Sud de l’Italie, impliquée en partie et à échelle variable dans la politique (il est notamment le neveu du député et secrétaire d’État italien Elio Rosati), Pierangelo Summa étudie les sciences physiques à l’université de Milan. Il entreprend parallèlement, dès 1966, ses premières expériences théâtrales autour du théâtre d’objet. Il fondera au début des années 1970 plusieurs compagnies familiales de burattini : La Gabbia dei Giuppitt, I burattini col randell, I viandanti, impliquées principalement dans l’intervention auprès de publics populaires (écoles, quartiers « isolés »…). C’est avec La Gabbia dei Giuppitt qu’il animera pendant trois ans, accompagné de son frère jumeau, de sa sœur, de leurs époux respectifs, et de son épouse Mireille Gettler-Summa, une émission pour les enfants à la télévision suisse (Televisione della Svizzera italiana – TSI) : Il Giudice di Roccastorta.

À son arrivée en France, au début des années 1980, il se concentre davantage sur la création de masques, en particulier pour la Commedia dell’Arte – il vendra dans plusieurs pays d’Europe -, et sur la mise en scène. Il exercera dans le cadre de nombreux festivals et théâtres parisiens, en Italie, mais aussi en Allemagne, en Suisse, au Liban, en Géorgie, ou encore en Arménie.

En 1987, son atelier, qu’il partage avec son épouse Mireille, est situé à Montreuil.

Il anime, jusqu’à la fin de sa vie, de nombreux ateliers autour du masque, en France et en Italie.

À partir de 2010, son activité de créateur de masques a d’abord été reprise par sa fille Sara Summa, aujourd’hui réalisatrice, puis par son fils Robin.

Il reste, pendant toute sa vie, impliqué dans la défense de la place du théâtre au cœur de la cité, des lieux de vie communs et populaires.

Le est inauguré à Naples l’atelier-boutique La Maschera è Libertà, premier espace pérenne centré sur la vente des masques idéés par Pierangelo Summa et recréés par son fils Robin, ainsi que sur les créations originales de ce-dernier

Sara Summa

Fille du metteur en scène, créateur de masques et marionnettiste italien Pierangelo Summa et de Mireille Gettler-Summa, elle a d’abord repris le travail sur les masques de son père avant de se consacrer à sa carrière de réalisatrice.

En 2020, elle est lauréate du Filmförderung du Staatsministerin für Kultur und Medien, le ministère allemand de la culture, en vue de l’écriture du scénario d’un prochain long-métrage, A Safe Place.